Soutenance de thèse – Démocratie de l’architecture
de Antoine Apruzzese
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Lundi 12 janvier 2026 à 14h en amphi Jean Duminy, Antoine Apruzzese soutiendra sa thèse de doctorat intitulée « Démocratie de l’architecture. Pratiques d’engagement politique des architectes et conditions d’une théorie politique de la discipline ».
Cette thèse de doctorat a été préparée en sein du laboratoire ATE, sous la direction de Caroline Maniaque, professeure émérite, ENSA Normandie, ATE.
Membre du jury
Laurent Stalder, Professeur, ETH Zürich (Rapporteur)
Jean-Louis Violeau, Professeur, ENSA Nantes (Rapporteur)
Marco Assennato, Maître de conférences, ENSA Paris-Malaquais (Examinateur)
Sandra Fiori, Maîtresse de conférences, ENSA Lyon (Examinatrice)
Maëlle Tessier, Professeure, ENSA Nantes (Examinatrice)
La soutenance sera retransmise en direct en cliquant ICI.
Résumé de la thèse
Cette thèse examine l’engagement politique des architectes dans leurs pratiques et analyse la manière dont cet engagement permet d’interroger, voire de redéfinir, le rôle de l’architecte dans la société contemporaine. Le travail cherche à montrer les potentialités et les limites de l’architecture — en tant que discipline, pratique sociale et processus de transformation du milieu — à s’emparer du politique et à faire émerger des formes nouvelles, alternatives ou expérimentales de démocratie. L’étude se concentre sur différentes trajectoires d’engagement d’architectes et sur leur inscription dans des espaces et des territoires, en mettant en tension une pensée de l’autonomie, de l’émancipation et de la participation avec celle de l’environnement, des ressources et du non-humain. La thèse interroge ainsi de manière critique la capacité de l’architecture — ainsi que sa potentielle singularité — à articuler la pensée de la démocratie avec celle de l’écologie.
Prenant pour point de départ méthodologique la « crise de la démocratie », le travail analyse l’écart entre l’idéal démocratique et l’ensemble de ses pratiques, expressions et performances quotidiennes. Inscrit dans le champ de la recherche en architecture, il aborde la démocratie non comme un idéal philosophico-politique dont on dériverait des principes applicables au bâti, mais comme un objet théorique qui émergeant depuis la pensée architecturale elle-même : depuis ses méthodes, son épistémologie et sa capacité à formaliser les dimensions spatiales, matérielles et organisationnelles de la vie collective. La thèse élabore ainsi un cadre conceptuel permettant d’envisager une « démocratie de l’architecture » et le met en dialogue avec la philosophie politique et la sociologie.
Après l’établissement d’une grammaire définitionnelle de l’engagement politique fondée sur la théorie analytique de l’action d’Elizabeth Anscombe, la recherche s’appuie sur deux études de cas : l’Atelier Bow-Wow (Tokyo) et Raumlabor (Berlin). Le travail analyse leurs discours — structurés par l’usage de références philosophiques et politiques telles que Henri Lefebvre, Bruno Latour, Guy Debord ou les Situationnistes — ainsi que deux expériences architecturales particulières : la reconstruction du village de Momonoura et le projet de la Floating University. En reliant ces pratiques à leurs contextes singuliers tout en identifiant leurs convergences, la thèse propose une réflexion sur la transversalité d’une « démocraticité » propre à la pratique architecturale.
visuel : Projet Floating University, 2018, Raumlabor, Berlin. Dessin © Antoine Apruzzese, 2022