Pierric Flandrin
Architecte gérant chez Artis studio // Lauréat de l’appel à candidature de La Fruitière
Racontes-nous ton parcours à l’ENSA Normandie
Après avoir obtenu mon baccalauréat en juillet 2008, je suis rentré à l’ENSA Normandie en septembre. Le passage de l’enseignement secondaire au supérieur est une étape charnière dans la vie d’un jeune étudiant de 17 ans ! On découvre un enseignement pluridisciplinaire autour de l’architecture. L’École est une boite à outils dans laquelle on vient piocher et développer des compétences suivant ses intérêts.
Pour moi, les années de licence ont été l’occasion d’avoir des connaissances théoriques et pratiques sur la discipline en elle-même. Les années de master ont été un moment où l’on devient plus actif dans sa propre construction grâce à la qualité des enseignants, toute discipline confondue. Je pense notamment au travail réalisé dans le cadre du séminaire de recherche.
En parallèle du travail universitaire, j’ai été représentant des étudiants au conseil d’administration. C’est un moment durant lequel j’ai pris énormément de plaisir à travailler sur le projet d’établissement, dans sa gestion courante, le développement de ses projets, etc. Il a beaucoup influencé l’architecte que je suis aujourd’hui. L’investissement du personnel administratif de l’École fut un modèle pour moi, un modèle qui me sert encore aujourd’hui dans ma vie professionnelle. J’ai participé à la concertation sur l’enseignement et la recherche en architecte (en 2012) sur le pôle Ile de France/Normandie qui a abouti au rapport de Vincent Feltesse remis au ministère de la Culture et de la Communication.
Cette première parenthèse à l’ENSA Normandie se termina pour moi en 2013 lors de ma soutenance de master où j’ai présenté une mention recherche.
Et après avoir obtenu ton diplôme de master ?
J’ai exercé pendant une dizaine d’années en tant que salarié dans une agence de maîtrise d’œuvre puis en tant que collaborateur d’architecte. Les premières expériences professionnelles sont toujours intéressantes car elles nous mettent en situation dans l’exercice. Comme le disait Jules Lequier (philosophe), il faut « FAIRE, non pas devenir mais faire, et en faisant SE FAIRE* ».
En parallèle de mon travail en entreprise, j’ai poursuivi ma formation initiale tout d’abord avec un DPEA Recherches en architecture à l’ENSA Paris la Villette en 2014, l’habilitation à la maîtrise d’œuvre en son nom propre à l’ENSA Normandie en 2017 puis un double master réhabilitation des architectes du quotidien / master en génie civil à l’Université du Havre Normandie.
En 2019, je suis lauréat du dispositif Casque d’or organisé par la fédération française du bâtiment récompensant les meilleurs jeunes talents sur le territoire normand.
En 2021, je m’inscris à l’Ordre des architectes et je fonde l’agence Artis studio (du latin natura artis magistra, signifiant la nature nous enseigne les arts). Mon activité se concentre pour le moment sur le logement privé et collectif, les projets industriels et des ERP.
En 2022, je suis lauréat de l’appel à candidature de La Fruitière qui valorise les entreprises innovantes.
Je travaille également à constituer un réseau des anciens étudiants de l’école et suis bénévole à Néologis, une association qui cherche à développer une offre d’habitat de qualité, participative sur le territoire normand.
*Jules Lequier, la recherche d’une première vérité : fragments posthumes, recueillis par Charles Renouvier, Paris, A. Colin, 1924 [1865], p. 143
Pierre Chauvency
Architecte
Racontes-nous ton parcours à l’ENSA Normandie :
J’ai obtenu mon diplôme d’ADE en 2010 à l’ENSA Normandie et j’ai validé ensuite la HMONP grâce à une expérience tournée vers l’entreprise.
Je fus assistant de direction puis directeur de production d’une jeune usine de préfabrication de logement dans des conteneurs maritimes. L’entreprise, située dans l’Eure, avait été montée par un architecte qui m’a envoyé en mission sur ce site pendant un an et demi pour lancer l’activité.
Et après avoir obtenu ton diplôme à l’ENSA Normandie qu’as – tu fait ?
Début 2012, virement de bord pour travailler de manière un peu plus standard dans une agence près de Rouen tournée vers l’aménagement paysager et mêlant également l’art et la sculpture au projet d’architecture. Nous avons présenté puis gagné le concours de réhabilitation du Jardin du Cloître à Petit-Quevilly.
2013 fut ensuite une année de changement et le début de 10 ans d’expatriation en Espagne, à Vigo en Galice plus exactement. J’ai mené en parallèle des collaborations avec différentes agences sur des projets aussi variés que la mise en valeur de patrimoine local ou la conception d’un projet de mobilité alternative dans un milieu périurbain. J’étais d’abord salarié d’une multinationale spécialisée dans le mobilier pour le retail et la restauration, en tant que country manager pendant 4 ans (c’est un cadre dirigeant qui gère la filiale française d’une entreprise internationale). C’est avec ce bagage plurilingue et, malgré tout, peu commun que je prends la décision en 2019 de me lancer à mon compte en tant qu’architecte.
Le hasard de la vie me fait désormais rentrer en Normandie. J’ai annulé mon inscription à l’Ordre des Architectes de Galice (COAG) en décembre 2022, et j’attends la validation de ma demande d’inscription au conseil régional de l’ordre des architectes (CROA) de Normandie.
Quel enseignant t’as le plus marqué ?
L’enseignant qui m’a le plus apporté a été Pierre Juban, en urbanisme et anthropologie. Celui que j’ai le plus apprécié et qui m’a inspiré en projet fut Alessandro Mosca.
La discipline connexe qui m’a le plus ouvert sur la lecture du monde a été la sociologie. Et celle qui m’a le plus bousculé et a libéré ma créativité a été l’art plastique, suivi de la scénographie les années suivantes.
Un conseil pour les futurs étudiants et étudiantes ?
Mon conseil aux futurs étudiants est assez humble et bref. Si vous voulez aller au bout de vous-même, vous découvrir et vous épanouir, il faut suivre ce cursus, partir en erasmus, et se construire autant personnellement que professionnellement en assumant vos choix. Aucune décision n’est définitive, mais l’ensemble des expériences forme et formera sans cesse l’architecte que vous serez. En 2008, Rudy Ricciotti nous avait dit lors d’une conférence à l’ENSA Normandie que moins de 10% de la promo deviendrait une “star” architecte et le reste ferait des parkings. Je pense pourtant que la variété des compétences que l’on nous enseigne repousse bien des limites. On manque d’architectes.
Gauthier Laurent
Gérant associé chez R&L Architectes associés
Racontes-nous ton parcours à l’ENSA Normandie :
Je suis rentré à l’ENSA Normandie en septembre 2016. J’avais 17 ans et je ne savais pas une seule seconde que l’École allait devenir ma nouvelle maison.
Je suis rouennais d’origine et je n’avais pas postulé à d’autres écoles d’architecture. Je ne savais pas dessiner et je ne connaissais ni les mathématiques ni la physique ou autres outils scientifiques.
L’ENSA Normandie donne aux étudiants de licence les fondamentaux de l’architecture à travers son histoire, ses codes et ses techniques d’application dans la conception. Le projet architectural, la représentation graphique, les cours de structure, la théorie architecturale mais aussi les cours d’arts plastiques, la sociologie et la recherche ou encore la formation informatique y sont abordés. Et les nuits blanches aussi !
Il y a encore beaucoup d’autres choses à raconter sur la licence comme les voyages, séminaires, formations, rencontres.. Tous ces moments d’échanges ont rapproché les étudiants et étudiantes de la même promotion pour arriver vers le master et l’Erasmus.
Parles-nous de ton expérience à l’étranger :
Une fois en master, l’École propose de pouvoir faire un Erasmus mais également un échange international avec de nombreuses écoles du monde entier.
J’ai eu la chance et l’opportunité d’aller étudier pour mon master 1 au Canada dans l’Université Laval au Québec entre septembre 2019 et mai 2020.
Cette aventure m’a permis de changer et bouleverser drastiquement ma manière de voir l’architecture dans son enseignement mais également de me faire découvrir (comme tout les échanges internationaux) une autre culture, un autre mode de vie d’un pays qui a toujours attiré ma curiosité.
J’ai pu découvrir des cours sur l’acoustique des bâtiments et, plus spécifiquement, les salles de spectacles. De plus, nous avions des cours sur l’histoire de l’architecture d’Amérique du Nord.
Avec des collègues, nous avons participé à un concours international pour réaliser la nouvelle école du Bauhaus.
Lors du deuxième semestre, nous étions avec Jean Verville, enseignant et praticien Québécois qui a lié son atelier de projet avec le chanteur, compositeur Pierre Lapointe. Cet atelier m’a montré à quel point les architectes étaient polyvalents pour proposer aux mieux de nouvelles formes et interprétations. Je pense que Jean Verville a été, comme Franck Bichindaritz, un enseignant qui m’a permis de comprendre mes intentions en tant que futur architecte : de ne pas avoir peur d’oser, de créer par conviction, que chaque projet transpose également un message qui nous fait grandir tout en contribuant au plus grand nombre.
J’ai également pu être, grâce à lui, assistant de projet pendant plusieurs mois au Québec sur un projet de design à Montréal.
Et le master ?
Le master 2 est l’année où nous passons notre PFE (projet de fin d’étude) devant un ensemble d’enseignants pour devenir « architecte ». J’ai passé mon diplôme en juillet 2021 dans le domaine d’étude « Théorie et Paysage ». J’avais abordé la question de « La ville sur la Ville » au niveau de l’Île Lacroix. Le diplôme permet de faire le point sur notre manière de penser et de concevoir le projet architectural tout en construisant une intention compatible ou non avec notre société actuelle.
Et après avoir obtenu ton diplôme à l’ENSA Normandie, qu’as-tu fait ?
Mon diplôme obtenu, je suis devenu dessinateur projeteur à l’Atelier Rouennais d’Architecture situé à Rouen. Ils ont été mes tuteurs pour cette 6e année en me suivant notamment sur mes projets. J’ai, pour finir, passé ma formation HMONP. Elle nous donne l’autorisation de nous inscrire à l’ordre des Architectes et à prêter serment lors de l’Assemblée Générale des Architectes. A partir de ce moment, nous pouvons porter le titre « d’Architecte » pour ouvrir une agence et signer en son nom propre nos projets. J’ai donc ouvert R&L Architectes Associés à Rouen en 2022 avec Jildaz Ronceray et Fabrice Laurent.
Ma valeur ajoutée dans l’agence s’oriente vers la conception de logements collectifs, contrairement à mes collègues qui possèdent déjà un bagage d’une vingtaine d’années au cœur d’agences d’architectures. Nous avons déjà pu produire de nombreuses études de faisabilité sur le grand territoire métropolitain rouennais.
Nous avons participé également en janvier dernier au grand oral de l’EBI à Paris au sujet de questions climatiques et environnementales en Afrique.
Cela passe notamment par la mise en œuvre de nouveaux complexes d’activités et de nouvelles perspectives en lien avec les questions climatiques, économiques et sociales de notre société.
Quel est l’enseignant qui t’as le plus marqué ?
Dans mon cas de figure, j’ai été marqué par l’enseignement de Franck Bichindaritz en introduction du projet architectural. Il a su développer ma curiosité, pas seulement pour moi mais également pour mon groupe de projet de 1re année. Il avait un regard et un avis critique qui nous permettaient de construire notre réflexion, ainsi que notre propre personnalité architecturale.
Grâce à sa bienveillance et sa pédagogie, j’ai eu un nouveau regard sur le métier d’architecte.
Romain Malhouitre
En formation HMONP (Habilitation à la maîtrise d’oeuvre en son nom propre) – à l’ENSA Normandie et Artefact Rouen
Racontes-nous ton parcours à l’ENSA Normandie :
Pendant mes six années à l’École, j’ai eu l’occasion de m’investir pleinement dans la vie étudiante à travers mon implication au sein du Bureau des Étudiants (BDE) en tant que DJ mais aussi dans l’association culturelle et festive : Red Factory.
J’ai eu la chance de monter ma propre association, la web radio REC, la Radio Etudiante Culturelle, toujours en activité au sein de l’ENSA Normandie à l’occasion de la fabrique libre de master.
Riche de ces expériences diverses en organisation, management, communication, scénographie, j’ai pu entrer dans le monde professionnel plus sereinement.
Je garde de très bon souvenirs de mes années à l’École et de toutes les personnes que j’ai pu rencontrer.
Et après avoir obtenu ton diplôme à l’ENSA Normandie, qu’as – tu fait ?
Je suis architecte diplômé d’État à l’École nationale supérieure d’architecture de Normandie depuis 2021.
J’ai consacré mon projet de fin d’études à la réalisation d’un espace de musique, l’Opéra de Rouen (enseignement Laurent Salomon). Ce projet fait le lien avec ma pratique de la musique qui m’accompagne depuis mon plus jeune âge.
Après une première expérience en agence chez Archidual Hatrel & Martin où j’ai pu découvrir les phases de conception d’un projet, j’ai décidé de poursuivre mon parcours vers une agence de plus grande ampleur, Artefact Rouen dans laquelle je poursuis également ma formation sur le métier d’architecte par la réalisation de ma formation HMONP : Habilitation à la maîtrise d’œuvre en son nom propre.
Amélie Thoraval
Chargée de l’habitat dégradé – Ville de Rouen/Métropole Rouen Normandie
Après avoir obtenu ton diplôme à l’ENSA Normandie, qu’as-tu fait ?
Diplôme en février 2020, j’ai du trouver du travail très vite pour raison personnel. Donc dès novembre 2019, j’ai commencé à envoyer des candidatures. Mais avec les fêtes, pas évident du tout.
J’ai trouvé mon premier boulot en mars 2020, sur Paris en pleine pandémie. Tout le monde étant chez soi, j’ai du réaménager mon séjour pour travailler ! Je suis restée 3 mois dans une agence parisienne qui travaille principalement sur des concours avec l’APHP : L’assistance Publique-hôpitaux de Paris. Revit, Autocad et Photoshop étaient mes meilleurs copains. Et sur un coup de poker, j’ai postulé à mon poste actuel et j’y suis depuis maintenant deux ans.
Je suis donc architecte DE au sein d’une collectivité. Je travaille à la fois avec les techniques constructives, la sociologie et l’histoire de l’architecture.
Quels sont les facteurs qui t’ont aidés à progresser ?
Mon parcours professionnel et mes activités extrascolaires m’ont beaucoup aidé. Même si cela n’a pas été toujours facile (regard des autres étudiants, remarques des professeurs, obligation du calendrier sur les changements de cours), je pense qu’il est important de s’épanouir également en dehors des études.
Sur les quelques personnes que je côtoie encore, trois sont en agence d’architecture (création ou réhabilitation), une personne fait un doctorat à l’école, une autre est comme moi en collectivité territoriale, et la dernière s’est inscrite aux compagnons du devoir en menuiserie. Du coup l’idée que les architectes travaillent en agence d’architecture… Ça n’est pas vraiment la réalité.
J’envisage même d’intervenir dans les établissements scolaires et associations pour parler architecture tels que la maison de l’architecture ou encore le CAUE : Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement.