Carole Lemans

Potentiel de l’architecture contemporaine de roseau

Living on the edge, d’Arjen Reas (Zoetermeer, Pays-Bas), 2020 © photo : Carole Lemans
Living on the edge, d’Arjen Reas (Zoetermeer, Pays-Bas), 2020 © photo : Carole Lemans

Date de soutenance : 2 décembre 2022

Directeur de thèse : François FLEURY
Laboratoire de rattachement : Architecture Territoire Environnement (ENSA Normandie) / ED 556 HSRT
Financement : Ministère de la Culture, BRAUP
Date de 1ère inscription en thèse : 2019

Membres du jury

Arthur HELLOUIN DE MENIBUS, Docteur, Examinateur
Ali LIMAM, Professeur INSA Lyon, Rapporteur
Jean-Baptiste MARIE, Professeur ENSA Clermont-Ferrand, Examinateur
Soline NIVET, Professeure ENSA Paris Malaquais, Rapporteure

Résumé de thèse

Cette thèse de doctorat en architecture s’intéresse au potentiel de la ressource « roseau » dans l’architecture contemporaine, en prenant en compte aussi bien les enjeux liés à la filière et ses acteurs et actrices, aux dimensions constructives et performancielles, que les registres d’expression possibles.
En premier lieu, le potentiel de l’architecture contemporaine de chaume est étudié selon la distance prise avec les formes et techniques traditionnelles de la couverture de chaume. S’en suit une évaluation théorique des limites et des potentiels du matériau aujourd’hui, construite notamment par observation du contexte hollandais. Ces éléments sont alors confrontés à un ensemble de réalisations contemporaines, appréhendées d’une part selon l’analyse morphologique d’un corpus étendu, et d’autre part à travers un nombre plus restreint d‘études de cas et des discours qui les
accompagnent. L’hypothèse que l’architecture contemporaine de chaume est écologique ne s’avère que partiellement juste. La réalisation de son potentiel demande en réalité certaines conditions pour être efficace écologiquement.
La seconde partie de cette thèse est délibérément prospective et propose d’étudier par l’expérimentation le potentiel de l’architecture de roseau, et non plus de chaume : peut-on rendre ce matériau plus écologique ? Elle présente trois situations de projet cherchant à innover avec le roseau, dont deux sont spécifiquement développées dans le cadre de la thèse. Avec un autre niveau de lecture sur ces expérimentations, nous observons l’influence du niveau de savoir, concernant le roseau et la technique du chaume, sur la performance du processus de conception.
La thèse observe et documente plus d’une centaine d’édifices qui se situent entre les années 2000 jusqu’à 2021. Le terrain d’étude, principalement focalisé sur la France, s’étend également à l’Europe et dans une moindre mesure au Japon, où le climat est plus ou moins similaire au climat français. Dans une autre mesure, la filière de chaume française actuelle étant peu documentée, l’enquête de terrain par l’apprentissage de la pratique de la couverture de chaume constitue une part importante de l’apport de connaissances, aboutissant aujourd’hui à la constitution d’un réseau d’acteurs et d’actrices du roseau.

Raphaël Rattier

Concevoir en bauge aujourd’hui : Contribution au renouvellement de l’architecture contemporaine

Soutenance 1
Prototype expérimental CobBauge, image de Raphaël Rattier

Date de soutenance : 14 octobre 2024

Directeur de thèse : François FLEURY
Laboratoire de rattachement : Architecture Territoire Environnement (ENSA Normandie) / ED 556 HSRT
Financement : Ministère de la Culture, BRAUP / PNRMCB
Date de 1ère inscription en thèse : 2019

Membres du jury

Erwan HAMARD rapporteur, ingénieur de recherche HDRn Université Gustave Eiffel, GPEM
Nathalie TORNAY rapporteuse, maîtresse de conférence HDR, ENSA Toulouse, LRA
Valéry DIDELON examinateur, professeur, ENSA Normandie, ATE
Antonella MASTRORILLI examinatrice, professseure, ENSAP Lille, LACTH
Steve GOODHEW examinateur, professor, School of Art, Design and Architecture University of Plymouth
Estelle MORLÉ examinatrice, maîtresse de conférence, ENSA Lyon, EVS-LAURE
François STREIFF examinateur, architecte-conseil, PNR des marais du Cotentin et du Bessin

Résumé de thèse

Cette thèse porte un regard sur l’architecture récente en bauge en France et au Royaume-Uni, et sur la manière dont les conceptrices et concepteurs adaptent leurs pratiques pour faire émerger la bauge dans leur projet. Elle met en lumière le potentiel de cette technique pour renouveler l’architecture contemporaine, mais aussi pour transformer le processus de conception.

Alors que la bauge, l’une des techniques de construction en terre crue, fait depuis les années 1990 l’objet d’une réémergence dans l’architecture contemporaine, on observe aussi que ses formes et ses dispositifs constructifs diffèrent de l’architecture traditionnelle. D’autre part, malgré ce renouveau, la bauge peine à s’imposer réellement dans le paysage architectural, et les architectes évoquent avec frustration des « freins » à l’utilisation d’une technique en décalage avec la construction conventionnelle. Cette recherche propose alors une lecture inédite des connaissances disponibles susceptibles d’informer la conception et la prescription de la bauge, tout en interrogeant ce que ces connaissances produisent comme pratiques et comme architectures singulières.

Les corpus que nous avons rassemblé, de savoir inscrit, de témoignages d’actrices et d’acteurs de la filière, et d’édifices récents, sont examinés sous trois angles liés à la bauge : celui des phénomènes, celui des imaginaires, et celui des pratiques. Les observations croisées permettent de faire ressortir la fragmentation des connaissances nécessaires à l’évaluation du potentiel de la technique, un renouvellement de l’esthétique dans les discours et dans la production architecturale, à même de transformer plus généralement l’imaginaire de la bauge, et enfin une réappropriation du pouvoir de la maîtrise d’œuvre dans son action conventionnelle avec une transformation de son rapport à la construction et aux intervenant.es du chantier. Ces mises en lumière peuvent alimenter une remise en question de certains paradigmes de la conception architecturale, à l’heure où les enjeux écologiques et sociaux de la construction nous appellent à revoir notre modèle de société.

Cette thèse propose donc un catalogue critique et situé de connaissances sur l’architecture et la construction en bauge, adressées à celles et ceux qui souhaitent concevoir avec cette technique.

Damien Renault

La formation des élus locaux à l’architecture ou l’architecture comme éducation politique

DamienRenault_Soutenance
© Damien Renault

Date de soutenance : 5 octobre 2023

Directrice de thèse : Caroline MANIAQUE
Laboratoire de rattachement : Architecture Territoire Environnement (ENSA Normandie) / ED 556 HSRT
Financement : Ministère de la Culture, BRAUP
Date de 1ère inscription en thèse : 2018

Membres du jury

Véronique BIAU, Architecte-urbaniste en chef de l’État, ENSA de Paris-La-Villette, LET-LAVUE, rapporteur
Pierre CAYE, Directeur de recherche, ENS Ulm, Centre Jean-Pépin, rapporteur
Jean-Charles CHABANNE, Professeur des Universités, ENS Lyon, Institut français de l’éducation, ECP, LIRDEF, examinateur
Arnaud DUTHEIL, Architecte, examinateur
Marc FROCHAUX, Architecte, examinateur

Résumé de thèse

Comme suite à des demandes politiques relatives à la formation des élus locaux à l’architecture par les institutions de conseil, de médiation et de formation existantes, et compte tenu des difficultés d’ordre anthropologique et culturel soulevées par ces demandes, la présente thèse pose la question des opportunités de formation édilitaire : quand, dans quelles situations, à quelles occasions, dans quelles circonstances, formelles et informelles, les élus locaux sont-ils susceptibles de « rencontrer » l’architecture, d’avoir avec elle un « contact formateur » ?
Deux pistes ont été suivies : d’abord, sur le modèle de l’ingénierie de formation, la référentialisation des activités et des compétences édilitaires (I), puis, d’après l’analyse des pratiques enseignantes, la définition et la modélisation d’un « objet d’enseignement » (II). La recherche se fonde d’abord sur le droit de l’urbanisme et la critique architecturale (I), puis sur un corpus de situations formatrices (par hypothèse) : situations de conseil, de médiation et (explicitement) de formation (II). La thèse met ainsi en évidence la capacité fondamentale (dans un référentiel édilitaire) d’attention, d’appréciation et de jugement de la construction (I), puis montre comment les architectes-conseil(ler)s, médiateurs et formateurs exercent cette capacité – la leur et celle de leur(s) public(s) – par la « lecture architecturale » des projets et des sites (II).
Par cette proposition didactique, définie comme ensemble d’opérations de la réflexion ou d’exercices spirituels concourant au jugement approprié de la construction, la thèse entend contribuer à la recherche : d’une part, dans le champ de l’architecture, en réintroduisant (la relation à) l’architecture dans la recherche « processuelle » et en initiant une approche anthropologique de la profession et de la discipline ; ce qui, d’autre part, s’inscrit dans le champ des sciences de l’éducation et de la formation, plus précisément dans l’horizon de l’ergo-didactique, cherchant dans les « gestes professionnels » des enseignants le fondement des savoirs enseignés.

La proposition apporte par ailleurs une réponse à la demande politique initiale, se présentant comme outil d’amélioration (ou de didactisation) des pratiques actuelles de conseil et de médiation architecturale et outil de professionnalisation des conseillers et médiateurs.
Enfin, outrepassant cette demande, l’enquête permet d’envisager le conseil, la médiation et la formation à l’architecture comme moyen d’éducation politique des élus.